Nil Hahoutoff fut vice-président de la « Fédération Nationale des Enseignants de Yoga », président du « Syndicat National des Professeurs de Yoga », membre fondateur de « l’Ecole Française de Yoga » et de « l’Union Européenne de Yoga », il participa en effet activement au rôle prépondérant de la France dans l’établissement d’un enseignement du yoga de qualité.Cet homme né avec le siècle, obligé de « prolonger » ses vacances familiales en France en octobre 1917 lorsque la révolution russe se déclara, dût s’adapter dès l’âge de 17 ans à un environnement totalement différent de sa Georgie natale, son père ayant en plus perdu subitement la totalité de ses nombreux biens. Le jeune Youri, rebelle au point de faire l’expérience durant deux années d’une vie de « cloche », eut toutefois l’occasion de développer ses dons corporels par la course de vitesse (championnat d’Europe), la gymnastique sportive, le trapèze volant, et de travailler avec les grands maîtres de ballets russes, immigrés comme lui, la danse, qui fut ensuite son activité professionnelle principale jusqu’à la guerre de 39-45.Vers l’âge de 25 ans, il rencontre à Paris Hyran Moy Chandra Gosh, cet indien âgé de près de 80 ans qui durant dix ans lui transmit le Yoga. Ce maître indien qui, comme Hahoutoff le disait lui-même avec une certaine affection, l’avait littéralement « passé à la pierre ponce » afin de l’aider à sortir de tous ces comportements primaires, parfois violents, dont la quasi-totalité de ses réactions étaient empreintes et, de la sorte, faire émerger sa véritable nature. Il apprit avec lui toutes les « voies » du yoga, mettant plus particulièrement peut-être l’accent sur celle que l’on nomme « jnana yoga ». Le jour de son « départ », ce maître, qui semblait exceptionnel au regard des quelques informations que les propos d’Hahoutoff pouvaient contenir, confia à celui auquel il avait donné le nom de « Nil » de poursuivre la tâche d’enseigner.C’est en tant qu’enseignant que nombre d’entre nous avons pu bénéficier de l’extrême richesse de cet homme plein d’une force puissante que, par chance, canalisait une tendresse inouïe. il œuvrait auprès de chacun, l’aidant avec toute la générosité et l’intelligence qui étaient siennes, pour qu’il puisse naître à lui-même. Son plaisir était immense chaque fois que l’un ou l’autre de ses élèves devenait plus mature et libre d’être lui. Nil enseignait… Et c’est tout ! Bien entendu, il l’accomplissait en fonction de ce qui lui avait été transmis, mais surtout grâce à ce qu’il était alors devenu. Point de dogmatique méthode particulière à propager ! Juste une haute vision de l’homme et de ses étonnantes possibilités de devenir qu’il proposait avec conviction à ceux qui le côtoyaient, et qu’il vivait intensément dans tous les moments de son existence.
Les carnets du yoga n° 219
Nil Hahoutoff par François Roux
Nil : ce prénom-fleuve lui allait à merveille. Dans sa manière de se tenir très droit, bien découplé, et de marcher en effleurant à peine le sol, il y avait de l’ Égypte antique. Et dans ses propos, parfois abrupts, il y avait comme une sagesse hiéroglyphique à décrypter.De toute façon, il était un homme à découvrir. Il ne se livrait pas au premier abord, ni au premier venu. Il écoutait , attentivement. Il observait, longuement. Et quand il prenait la parole, celle-ci était pesée, brève, dense. On sentait, qu’il n’y reviendrait pas de sitôt. Au premier contact, il impressionnait. Au second, lorsqu’il y en avait un, il intriguait.Au troisième, on découvrait une chaleur humaine tenue en bride, comme un pur sang.
Vous trouverez en lecture six textes de ou inspirés de Nil Hahoutoff (1900- 1982)